en travers. Pendant ce temps, Arland étudiait
le large nœud blanc qui lui ornait le creux du dos, en rêvant du
jour où il serait suffisamment riche pour s’offrir un château avec
des domestiques.
Certaine que le lit était maintenant
parfaitement préparé, la jeune femme se saisit de son panier et
déposa deux morceaux de chocolat sur la table de nuit. Elle se tourna
ensuite vers Arland.
-
Désirez-vous un peu plus de chocolats, Monsieur ? demanda-t-elle
en Français, avec un sourire qui semblait dire « c’est formellement
interdit, mais puisque Monsieur a l’air gentil… ».
-
Je désirer plus, merci, fit Arland en plongeant son regard
dans le sien.
Elle ne sut pas très bien comment interpréter
cette réponse. Alors elle plaça deux petits carrés de chocolat supplémentaires
sur la table basse, puis elle saisit la bouteille de champagne,
enroulée dans son torchon blanc, et remplit le verre d’Arland.
-
Merci bien de beaucoup, Mademoiselle, fit Arland.
La jeune femme lui répondit par un sourire.
« Bienvenue », fit-elle. Puis elle quitta la pièce en
se disant que si elle en l’avait l’occasion, elle reviendrait voir
ce client. Il était charmant, et il lui donnait l’occasion de pratiquer
son Français. Elle ne regrettait pas de lui avoir offert un extra
de chocolat.
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19.
Ce n’était pas un couteau, que l’autre lui
avait enfoncé dans la cuisse.
Guillaume se tenait devant l’immeuble
aux vitrines. Il serrait le rasoir fermé dans sa main, et maintenant,
il était vraiment rendu fou de rage.
Le canal niewezijds coulait dans son
dos. Devant, une foule cosmopolite de touristes, de maquereaux,
de dealers et de badauds. Et derrière eux, les vitres illuminées
de rouges. Dans celle du sex-shop, juste à côté, un mannequin vêtu
de vinyle noir et de froufrous blancs écartait les jambes sur un
plateau de champagne, un collier de cuir autour du cou et les poignets
enchaînés.
Sophie portait un bikini de cuir blanc
et fin. Guillaume la vit faire un signe ignoble à un des mecs, et
la fureur grandit en lui.
Le client entra pour la rejoindre,
et Guillaume avança.
Un type lui bloquait la route, une
petite frappe.
Le canon du pistolet mitrailleur glissa
entre les boutons de la veste pour s’enfoncer dans le ventre du
loubard. « C’est ma sœur » dit calmement Guillaume en
Anglais.
Le maquereau ne sembla pas paniquer.
« Ta sœur ? Ta sœur ? Qui ? Rebecca ? Ok,
fit-il. Ramène-là. Mais attends qu’elle en ait fini avec son client,
fous pas la merde, ok ? Le business, c’est le business. Nous
fait pas une sale pub, range ton machin et viens boire un coup en
attendant, d’accord ? Après, tu ramènes ta sœur, et voilà. »
Une sale pub… Guillaume tournait les
mots dans sa tête. Il
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