Voyage d’affaires

charmeur, Céline dansa au milieu de son salon et tous les murs disparurent.

17.

Guillaume Mawloud savait que ce serait une connerie. « Écoute-moi », tenta-t-il une nouvelle fois, mais le type ne voulait rien savoir. « Écoute-moi ! ». Il savait que ce serait une connerie, mais le couteau que l’autre lui maintenait enfoncé dans la cuisse droite lui faisait vraiment un mal de chien.
Guillaume n’était pas fou de rage. Il était en colère, mais ses pensées s’en trouvaient plus claires que jamais. Il n’avait pas le droit de tuer ce maquereau, aucun droit de le condamner à mort. Cette merde, ce type que d’aucuns considéreraient comme un moins que rien, cet esclavagiste qui lui remuait son couteau dans le gras de la cuisse pour défendre son bien, ç’aurait parfaitement pu être lui, Guillaume. Le hasard faisait parfois évoluer les gens différemment, et dans un monde parallèle, peut-être Guillaume était-il le meilleur pote de cette vermine, assis à un café à discuter du chiffre d’affaire de leurs putes. Ou peut être l’autre serait tombé subitement amoureux, et se serait racheté une conduite, il serait devenu scout, ou n’importe quoi, puisque tout pouvait arriver.
Une chose au moins était certaine : le tuer n’arrangerait rien, et ça ne ferait pas une belle morale pour cette histoire.
« Écoute-moi, putain, écoute ce que j’ai à te dire ! »
L’autre ne voulait rien entendre. Il était à moitié couché sur lui, sur le grand lit, il luttait, complètement à poil, mais il ne disait rien.

La main droite de Guillaume lâcha la main gauche de Thierry, et la lame s’enfonça un peu plus profond.
Guillaume avait coupé la doublure de sa poche droite, à l’intérieur de sa grande veste. Avec de la ficelle, il avait improvisé une double-bandoulière pour le fusil mitrailleur.
Sa cuisse lui faisait souffrir le martyr, mais il demeura lucide en empoignant la crosse du Uzi. Juste une balle dans la jambe de ce fils de pute, pour qu’il me lâche
Le cran de sûreté s’ouvrit sous son pouce. La pointe du pistolet mitrailleur était maintenant braquée sur la cuisse gauche du type.
Je ne dois pas me faire vengeance, pas effacer mon combat…
« Écoute-moi ! »
L’autre essayait de remuer la lame dans sa cuisse, en souriant.
Guillaume appuya sur la gâchette, à peine. Le corps du type vola littéralement dans les airs. La rafale fut telle que Guillaume se crût mort un instant.

Cathy se tenait debout dans le coin de la pièce, aucun mot ne sortait de sa bouche, son eye-liner lui coulait sur le visage et accentuait la blancheur de sa peau.
Guillaume se dégagea du lit en rampant. Il tenait toujours la crosse du Uzi, sous sa veste. Le corps de l’autre était étendu au pied, sur le dos. Il y avait une ligne de sang qui suivait l’horrible pointillé tracé par les balles, elle partait de sa cuisse gauche – là où Guillaume avait visé – et se terminait à droite, au niveau de sa poignée d’amour. Et sous le corps, il y avait une véritable marre de sang, fluide et chaud, rouge vif comme

Pages précédentes40
 
41Pages suivantes