autant qu’il l’aurait voulu.
En y réfléchissant, Roger Zeedijk était plus
que content ce matin là. Parce qu’enfin, après toutes ces années
passées dans ce même bureau à servir ses intérêts et ceux de sa
société, il avait sous les yeux un dossier qui allait aider les
autres, un peu, et changer la face du monde, un tout petit peu.
C’était un dossier commercial, qui
servirait légèrement les intérêts commerciaux de la multinationale,
aussi, mais dont les conséquences sur ce quartier pauvre de la banlieue
d’Amsterdam seraient plus que profitables pour tous les malheureux
qui l’habitaient.
Certes, ce projet n’apporterait presque rien
à la société. Mais au moins, il n’en desservirait pas les intérêts.
Bien sûr, ils n’avaient pas besoin de publicité. Et bien sûr, si
quiconque apprenait le temps que Roger avait consacré à peaufiner
ce dossier, le scandale éclaterait et l’on mettrait en doute l’utilité
du quinquagénaire au sein de l’entreprise.
Mais tout était prêt. Le dossier était là,
bouclé, et Roger était enfin content de lui. L’appréhension lui
nouait un peu la gorge, parce que maintenant, après tout ce temps
passé à en revoir les moindres détails, il lui fallait le soumettre
à l’approbation de ses chefs. L’image du Roger de dix ans, souriant,
fier du Roger de cinquante ans, ne lassait pas de satisfaire Roger
ce jour là.
Seule l’appréhension lui gâchait un peu son
bonheur, et c’était bien dommage.
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