12.
Sophie et Cathy prenaient le café sur Nieuwmarkt,
dans le petit bar qui leur faisait habituellement office de cuisine.
C’était le matin, mais la sono passait déjà Wild Horses et un grand
rouquin aux cheveux crêpés jouait de la batterie avec ses doigts
sur le bar.
La table proche du radiateur brûlant était
la leur, pas moins. Les deux jeunes femmes partageaient un appartement
qui donnait sur la partie Nord du Kloveniers, c’était tout petit
mais situé en plein centre. Pas de place pour une cuisinière ou
un frigo, juste une pièce avec un grand lit, et une salle d’eau.
Elles n’y amenaient jamais un client.
C’est Thierry, grâce à ses relations,
qui avaient dégoté ce logement pour Sophie. Elle n’avait jamais
eu à se soucier de la paperasse ou du loyer, car Thierry s’était
occupé de tout. Puis Cathy était arrivée.
Bien sûr, Sophie s’était un peu inquiétée
de cette dépendance envers Thierry, au début – qu’arriverait-il
s’il décidait d’interrompre les paiements du loyer, ou de la mettre
dehors, elle n’avait rien ? Mais non, ils s’aimaient, et cette
solution était, après tout, temporaire.
Partager Thierry avec Cathy, aussi, lui avait
peut-être semblé étrange, les premiers temps. Mais tout cela, ces
premières sensations, elle ne se les rappelait même pas. Ses inquiétudes,
elle avait appris à les ravaler. Ce monde n’était pas le sien, et
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