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En revenant de Bristol ce matin, comme à l'aller, j'ai embarqué
dans ce qu'au premier abord on appellerait « un petit coucou ». C'est quoi comme avion ? Un Fokker peut-être ? Le ventre du coucou culminant à un mètre du tarmac, on
y embarque en grimpant les quatre marches de la porte retournée.
Le ciel était tout bleu, on a traversé l'unique couche de nuages, invisible du sol, après une minute, et l'instant d'après nous avions atteint notre altitude de croisière, si basse qu'avec ce ciel dégagé j'ai pu voir les routes, les côtes de la Manche, les forêts et les maisons, comme si j'étais moi-même un oiseau en voyage touristique. Les premiers nuages, blancs et denses, sont apparus à l'approche
de Bristol très loin sous l'appareil. Collé à
mon hublot comme un gosse, j'ai alors remarqué ce détail
surprenant: un panneau de basket émergeait de ce bloc de nuages.
Puis plus loin, le toit d'une petite maison. Et là, les quatre
colonnes d'un minuscule pont suspendu. Tout le village était pris sous cet épais brouillard, fermement posé sur le sol, et par endroit, je pouvais deviner l'obscurité sous laquelle étaient plongés les habitants. Il était onze heures du matin, et nul être au sol n'aurait pu imaginer que pour enfin apercevoir le soleil, il aurait suffit de s'accrocher à l'anneau de ce poteau de basket pour hisser la tête au-dessus de cette chape de coton et partager le spectacle irréel qui s'offrait à mes yeux. Au Sud, la nappe nuageuse si plate laissait échapper une colonne
de fumée épaisse, comme une sculpture faite de crème
Chantilly en apesanteur, comme si les nuages étaient retenus
pas un toit invisible dans lequel on aurait percé un trou. Et
par ce trou, en un mouvement imperceptible, le coton trop épais
tentait de regagner le ciel. Cette colonne, haute et immobile, projetait
sur l'épaisse couverture blanche du village une ombre noire et
droite qui barrait tout un quartier d'habitation et le plongeait certainement,
au-dessous, dans une obscurité totale. Les avions m'ont toujours troué le cul. Je n'y connais rien, et je ne suis pas sûr de comprendre comment un engin de cette taille peut quitter les sol et voler avec une telle fiabilité. J'ai beau utiliser l'avion plus souvent que ma voiture ces jours-ci, je suis toujours comme un gosse lorsque je contemple le spectacle des aéroports en action. Tout cela me fascine. Alors, pour une fois, j'ai procédé à quelques recherches qui m'ont rappelé que la puissance du Web est, elle aussi, tout à fait fascinante : Mon Paris - Bristol était affrété par British Airways, le fréteur étant une compagnie aérienne nommée Brymon Airways. Embraer est une société brésilienne fondée alors que j'avais déjà trois ans, qui est devenue le quatrième fabricant mondial d'avions de lignes - Embraer signifiant Empresa Brasileira de Aeronáutica S.A. Alors que j'écris ces lignes, Brymon possède 7 Embraer 145, immatriculés G-ERJA à G-ERJG vous voyez le F ci-dessus, trouvé sur le Web, et j'ai photographié le C, en haut de cette page. Celui que j'ai pris au retour de Bristol est ci-dessous, mais je n'en connais pas la lettre. Ces sept avions sont tout neufs; ils ont été achetés en 2000 par Brymon, sur un contrat d'option pour l'achat de 21 appareils de type 145 à Embraer, et ce que mon hôtesse qualifiait de « tout petit appareil » coûte tout de même la bagatelle de 100 millions de Francs l'unité. L'embraer 145 pèse 6 tonnes à vide, 21 tonnes en charge maximum. Il vole à 833 Km/h, avec une autonomie de 2800 Km, mesure 30 mètres de long sur 20 de large, ses deux réacteurs sont fabriqués par Rolls Royce, son altitude de croisière est fixée à 10 000 mètres, et il peut embarquer 50 passagers, deux pilotes, et deux hôtesses à son bord.
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